dimanche 7 juillet 2013

La communication interculturelle

La communication, je dois dire, s'avère un des principaux défis de mon voyage. C'est d'autant plus vrai que j'ai un rôle de coordonnateur, où la communication s'avère cruciale entre les différents partenaires et acteurs. Que ce soit dans la façon de parler, dans le ton, le vocabulaire ou le sens des mots, la difficulté est bien présente car la différence y est.

Je me suis fait une remarque intéressante - je crois. D'abord c'est réellement la première fois que je me retrouve dans un pays où je ne comprends absolument rien à la langue (quand il ne parle pas français). Pour communiquer, mis à part les salutations - sur lesquelles nous nous efforçons d'en apprendre les nombreux rudiments - ce sont les Sénégalais qui utilisent leur deuxième ou troisième langue (le français) pour parler avec nous. Nous maîtrisons donc mieux qu'eux la langue de communication, et devons trouver des moyens de se faire comprendre avec des mots qu'ils connaissent. Cela est l'inverse de ce que je suis habitué, c'est-à-dire d'utiliser ma deuxième ou troisième langue pour parler avec des gens qui utilisent leur première langue (l'espagnol par exemple). Dans un certains sens, la deuxième option est beaucoup plus difficile.

Car c'est de là que naissent une tonne ambiguïtés et d'incompréhensions. Les exemples en témoignent. Quand on pose une question, ils répondent «non» pour continuer par l'affirmative. Surpris au début, on ne sait plus quoi penser. Le fameux «Y'a pas de problème» revient également très très souvent, même si nous discutons justement d'un problème à résoudre. Mais un problème sur lequel tout le groupe s'accorde, c'est le fait que tout le monde répond par l'affirmative à presque toutes nos questions. Un exemple qui laisse parfois pantois: «Est-ce que tu sèmes tes semences cette semaine ou la semaine prochaine?». Réponse: oui.

Ce manque de compréhension non exprimé nous pousse donc à corroborer chaque réponse obtenue auprès d'une seconde ou d'une tierce personne. Inutile de vous dire que cette démarche est parfois prenante...

Mais la communication interculturelle a lieu à tous les niveaux. Quand on s'entend sur un rendez-vous, ils ne peuvent s'empêcher d'ajouter le fameux «Inch'allah» (si Dieu le veut). Pour nous, le doute est là, mais tranquillement, on comprend que la volonté y est, mais que l'attachement à Dieu reste en tout instant. Pour les heures de rendez-vous, c'est l'Afrique, alors tu sais que tu attends, mais pas pour combien de temps. Quoique je dois dire que certains sont très surprenants.

Après, la communication a lieu à tous les niveaux, alors les défis se présentent à tous les niveaux. L'argent, l'information de toute sorte, la logique, la façon de faire, tout y passe. Et les relations amoureuses... Je termine mon article sur un exemple récurent et cocasse à cet égard.

Par exemple, un homme m'accoste en me disant «Gabriel, tu veux une femme Sénégalaise?». Oh! surprenant, mais fidèle a moi-même, je réponds sincèrement en disant: «Merci, c'est gentil, mais j'ai déjà une copine.»
- Ah, mais les filles sénégalaises sont jolies!
- Oui d'accord, mais pas aussi jolie que ma copine (ça c'est sûr!) et je suis un homme fidèle.
- Mais tu es marié?
- Non
- Alors tu peux avoir beaucoup de copines... et même plusieurs femmes!
- Comment vous expliquer, je suis monogame et incapable d'aimer plusieurs femmes.

En effet, il est difficile d'expliquer cette vision à un musulman. Nous avons d'ailleurs rencontré quelques hommes qui ont plusieurs femmes, mais leur défi consiste à les faire vivre dignement et à assurer une bonne entente entre celles-ci (car elles habitent parfois sous le même toit). Dans une telle discussion pour tenter de comprendre, on m'a répondu «Ici, il faut gérer la femme...». «Oui», acquiesçai-je cette fois en plein désaccord intérieur. Mais le but était de ne pas me lancer sur une discorde. Après, une grande question à poser serait de leur demander quelle est leur conception de l'amour, qui ne semble pas exclusif du tout, ni visible en public...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire