samedi 15 juin 2013

Toubab bonjour!

Quand on sort des villes, même si elles sont petites, l'homme blanc devient un attrait touristique pour les habitants. À Fissel, agglomération de 28 villages comptant au total 36 000 personnes (environ), l'homme blanc se fait remarquer. Il est encore plus attrayant lorsqu'il se déplace en meute, comme pour un groupe de 6 stagiaires et un accompagnateur.

Notre première vraie sortie du centre communautaire a été frappante. Ça y est, allons voir ce village de brousse, nous sommes-nous dit. Plusieurs salutations en sérère (la langue locale, don
t 2,3 millions de personnes parlent au pays) nous laissent sans mot. Mbaldo!, Yamsomke!, Nafio!. Et voici la réponse des Canadiens: «...», suivi d'un sourire gêné.

Mais l'attitude des enfants, comme dans beaucoup de pays du Sud, est impressionnante et chaleureuse. Si au départ, ils partent en courant à notre vue, c'est pour ramener toute une horde d'amis pour nous regarder passer, faisant bonjour avec leur main en criant: Toubab bonjour! C'est le party, j'ai envie de dire. Ils ont l'air aussi contents qu'un Canadien qui reçoit une console vidéo. Vient ensuite le sentiment d'importance chez l'homme occidental. Je mets mes lunettes, et je me sens comme une rock star, avec tous ces enfants qui m'accueillent moi, l'air triomphant (on peut bien se créer des histoires non?).

Et pourtant, la scène se répète le matin suivant, alors que je décide d'utiliser mon premier matin dans ce village désertique pour partir du bon pied: je vais faire mon jogging à 6h30 du matin! Courageux, et à la fois logique pour ne pas avoir trop chaud (notons qu'entre 11h30 et 15h30, toute activité physique d'importance est susceptible de faire croire aux autres que vous sortez de la douche...), je pars courir. J'avoue réaliser de plein fouet que je suis en Afrique. Le paysage est caractérisé par une route de terre rouge poussiéreuse, avec un ou deux camions surchargés de personnes et de bagages à l'intérieur, sur le toit et à l'arrière (des gens se tiennent debout sur le pare-choc arrière). Je cours, comptant les baobabs que je passe, et voilà que je croise deux ou trois cases (regroupement de plusieurs familles à l'intérieur d'une clôture). Des enfants jouent à la lutte sénégalaise à droite et à gauche, des petites filles pleine d'énergie qui m'applaudissent et me crient encore: toubab bonjour! Voilà, la rock star revient.

Le Toubab. je demande à Maissa (notre interprète et animateur de la communauté) pourquoi les enfants aiment tant les toubabs. Il me réponde simplement: «Les enfants aiment les étrangers». C'est définitivement vrai. Il est si facile de prendre un bébé dans ses bras, de faire rire un enfant avec des bruits et des visages étranges, ou même de faire danser les plus vieux en dansant nous mêmes.
Lors d'une visite dans un village, photo spontanée

Rire, rien de plus facile ici.

Aujourd'hui, 15 juin, en visite dans un village pour le suivi d'un projet de l'an passé, les gens si souriant m'ont incité à prendre cette photo. Je ne peux vous transmettre l'excitation qui régnait à ce moment.

Je suis donc un toubab, et cela est parfaitement visible dans cette photo. Ce nom donné à l'étranger, qu'on le veuille ou non. Je serai donc toubab, un étranger pour le reste du voyage, et ferai en sorte d'en être un qui soit agréable pour ces enfants au sourire contagieux.

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